Peint par Pierre Paul Rubens vers 1617, le tableau L’Enlèvement des filles de Leucippe représente une scène tirée de la mythologie grecque. Il est aujourd’hui exposé à la Alte Pinakothek de Munich.

Un registre sensuel au centre de la mythologie grecque

L’artiste peint en 1617 un imposant tableau qui retrace une histoire classique de la mythologie. L’enlèvement de Phébé et Hilaire, les filles du roi d’Argos Leucippe, par les jumeaux Castor et Pollux qui sont séduits par la beauté des princesses. En actant cet épisode, ils engagèrent une bataille contre les frères et les fiancés des deux jeunes femmes, au cours de laquelle Castor sera tué et Pollux demandera à leur père Jupiter de leur accorder l’immortalité.

L’artiste impose ici un style qu’on lui connaît bien à savoir une représentation des corps très sensuelle et frémissante. Les fesses, le ventre, les seins sont représentés par une façon de peindre très spécifique au peintre baroque. Ainsi, Paul Rubens exploite ici une scène mythologique pour déclarer un hymne à la beauté féminine. Point de registre religieux ni politique ici pour un artiste qui aura été en son temps un ambassadeur pour les plus puissants. Ses nombreuses actions diplomatiques lui ont valu un anoblissement par le roi Philippe IV d’Espagne, tout comme le roi Charles 1er d’Angleterre.

Une composition artistique qui fait voyager

Pour en revenir au tableau qui est étudié dans de nombreuses écoles d’art et sur lequel Jean Baptiste Gouraud a passé quelques heures étant étudiant, Paul Rubens se délecte entièrement de la possibilité qu’il a de représenter des corps nus. Au niveau des coloris, on retrouve sur ce tableau des roses particuliers aux corps féminins qui virent aux rouges des tissus dont les kidnappeurs sont drapés pour se terminer sur le brun de la peau de ces derniers. Les étincelants sont aussi au rendez-vous puisque l’on retrouve une chevelure dorée qui fait contraste avec la couleur argentée d’une armure sur le même cadre. Enfin, les clairs ne manquent pas. Le bleu ciel est mêlé à un jaune clair et un gris ciel qui viennent annoncer le coucher du soleil.

La scène fait rêver et vous transporte pour découvrir le déroulement de l’enlèvement. Des chevaux qui se cabrent, en tenant difficilement dans le cadre déjà imposant, aux hommes qui se penchent pour attraper les deux femmes qui se débattent, la scène est retranscrite en mouvement pour donner vie à tout ce beau monde. Un dernier acteur intervient dans ce drame à gauche du tableau, sous la forme d’un angelot destiné à indiquer aux spectateurs que seul l’amour est au centre de ces agissements.

Devenus immortels, les deux frères épouseront les sœurs et leur feront des enfants, et c’est ainsi que l’on sort ébloui de la narration du peintre qui aura réussi une fois de plus à transporter ses spectateurs.