L’art numérique est un ensemble de pratiques artistiques liées aux sciences et aux technologies. Comme le définit Jean Louis Sbeghen, un passionné d’art numérique, celui-ci recouvre de manière polyforme les champs de la création, qu’ils soient visuels, sonores, électroniques, virtuels, immersifs, interactifs, ou encore en réseau. Sa diffusion s’étend du spectacle vivant au musée, et de l’espace public à l’internet. On peut ainsi le qualifier d’art perceptuel, puisque celui-ci sollicite nos cinq sens.

Son histoire et ses fondements

Il apparaît dans sa forme initiale durant la deuxième moitié du vingtième siècle, avec l’utilisation, chez les artistes, de l’informatique, des télécommunications, de l’ordinateur, et de l’internet. À cette époque, l’on assiste en même temps à un décloisonnement progressif entre les champs disciplinaires. On emploie alors le terme d’arts technologiques, et plus récemment d’art médiatique.

Les œuvres, selon Jean Louis Sbeghen, sont auto-génératives, et privilégient des interactions, donnant une place à des publics plus acteurs de l’expérience, que spectateurs contemplatifs. En s’emparant de la technologie et surtout en la détournant, les artistes numériques montrent comment celle-ci peut modifier nos perceptions de l’espace, du temps, et de nous-mêmes, mais également influencer nos rapports avec une société en pleine transformation. Ainsi, en quelques décennies, nous sommes passés d’un monde analogique, à un monde binaire fait de 0 et de 1, autrement dit numérique.

D’une représentation physique à celle virtuelle

Désormais, nous alternons entre un espace physique et un monde virtuel qui peut être immersif, augmenté, superposé, ou encore avec une télé-présence réunissant deux espaces distants, pour n’en faire qu’un. Les artistes numériques expérimentent également les machines, et en détournent leurs applications. Nous voyons apparaître en scène des dramaturgies associées à des robots, des chorégraphies combinées à des drones, des interprètes virtuels dotés d’intelligence artificielle. Des productions donnent naissance à des esthétiques s’inspirant de la biologie, de la génétique, et même de la plasticité du vivant comme sujet.

D’autres s’intéressent aux mutations des comportements humains influencés par l’usage des technologies, présageant notre futur urbain. Les écritures numériques anticipent ainsi l’évolution liée aux techniques. Pour Jean Louis Sbeghen, nous assistons aujourd’hui à une véritable transformation de la société, impactée par les technologies, et dont l’art numérique s’est emparé. Nous entrons désormais dans une nouvelle ère de la pensée, de l’esthétique, et de ses techniques, comparables sous d’autres formes, à celles de la Renaissance, en référence à Léonard de Vinci et à l’avènement de la perspective.

Les artistes visuels ont été de tout temps inspirés par le désir de créer l’illusion de la profondeur de champ. Les techniques de l’image se sont succédé à travers les siècles, en changeant de support, de format, de matière, de plasticité, et de narration ; c’est-à-dire de la peinture à la photographie, du cinéma argentique au numérique, et de la stéréoscopie à l’holographie. Les techniques picturales de la Renaissance sur châssis entoilés laissent désormais place aux écrans numériques, et les fresques murales aux projections monumentales.

L’outil du peintre était autrefois celui du pinceau. Il est aujourd’hui l’extension de la machine qui en prolonge la main. La palette était faite de pigments de couleurs. Elle est aujourd’hui un nuancier de pixels colorés aussi étendu que ce que la puissance de calcul de l’algorithme le permet.