Du 5 septembre 1774, date de sa naissance au 7 mai 1840, date de sa mort, Caspar David Friedrich s’est illustré par son sens artistique hors du commun et une évolution constante dans la réalisation de ses toiles. Ce peintre et dessinateur originaire de Greifswald est l’un des acteurs les plus emblématiques du romantisme allemand. Son approche transcendantale dans la représentation de la nature et de la mort lui a permis de proposer des œuvres d’une rare beauté et d’explorer l’univers de la peinture d’une façon singulière. Voici un aperçu de la vie et du parcours de cet artiste à l’opposé des courants réalistes de l’époque.
Un parcours empreint de tragédies
La vie de Caspar David Friedrich se caractérise par de multiples tragédies et de nombreux voyages. Le peintre prussien s’est ainsi construit une solide réputation et un savoir-faire reconnu par ses pairs.
La jeunesse du dessinateur
Caspar David Friedrich a vu le jour dans le nord de l’Allemagne au sein d’une famille riche de commerçants. Paradoxalement à cette tranquillité apparente, il côtoie très vite la mort et l’horreur à travers la perte de ses proches.
Il est ainsi séparé de sa mère ainsi que de nombreux frères et sœurs. Cette triste période de sa jeunesse est davantage assombrie en 1787 par la perte de Johann Christoffer, son frère mort en le sauvant de la noyade dans la mer Baltique.
En 1794, le jeune homme s’oriente ensuite vers l’art et le dessin à travers une formation de quatre ans au Danemark. Il intègre l’Académie royale des beaux-arts à Copenhague sous la supervision de Nicolai Abildgaard et Jens Juel. Il s’intéresse de plus en plus au paysagisme et acquiert des notions d’art antique.
L’amour de la mythologie nordique ainsi que le rejet des modèles antiques dans les œuvres de Caspar David Friedrich viennent de cette expérience.
Le parcours du paysagiste
Le jeune artiste choisit la ville de Dresde comme destination en 1798. Ce carrefour incontournable de l’art pictural a été marqué par les passages de Goethe, Schelling, Tieck et d’autres peintres célèbres. Au cœur de la Florence de l’Elbe, Friedrich exprime librement son talent de paysagiste.
Toutefois, la reconnaissance qu’il espère n’est pas au rendez-vous. L’angoisse et la dépression le rendent peu productif au point qu’il envisage de se suicider. Fort heureusement, son travail finit par payer et ses réalisations sont récompensées au concours de Weimar. À 30 ans, Friedrich entame une relation épistolaire avec le poète allemand Goethe.
La vision de cet artiste et ses considérations sur la couleur deviennent une source d’inspiration pour Friedrich. Il se questionne davantage sur la nature et y voit une manifestation transcendantale. En 1807, il amorce sa carrière de peintre et base ses représentations sur les thèmes du mystique et de la religion.
Peu de temps après ce nouveau départ, l’artiste fait face à un nouveau drame : le décès de son père et d’une de ses sœurs. L’année 1810 marque un nouveau tournant pour le peintre allemand. Il est admis à l’Académie de Berlin ainsi qu’à l’Académie de Dresde. Le roi de Prusse se procure quelques-uns de ses tableaux ce qui lui confère une certaine notoriété, notamment en Russie.
En outre, son mariage en janvier 1818 aboutit à la naissance de ses trois enfants. Caspar David Friedrich est victime d’une congestion cérébrale en 1835. Paralysé et privé de sa passion, il rend son dernier souffle en 1840 dans la ville de Dresde. Il est alors âgé de 65 ans.
Le maître du romantisme allemand
Friedrich est considéré comme le plus grand ambassadeur du romantisme allemand au XIXe siècle. Son œuvre met en avant la nature sur un fond de spiritualité. Conforté dans ses croyances religieuses chrétiennes, l’artiste se sert de nombreux symboles de son obédience sans jamais peindre l’image de Dieu.
Il conçoit la nature comme un terrain sur lequel l’homme et le surnaturel se côtoient. Ses fresques traduisent la fragilité de l’être humain face à la nature et sa toute-puissance. Au-delà de la beauté des paysages, c’est l’état d’esprit de Friedrich qui transparaît dans ses œuvres. Ils permettent au public de contempler la mélancolie du monde à travers une sensibilité accrue.
Le romantisme allemand mettait en lumière un paysage mystique propre à ce pays, en reniant l’art italien et les modèles antiques. Il cherchait à représenter les réalités apparentes et les vérités cachées sans jamais saisir entièrement la création divine. Ayant porté son art à un degré très élevé, l’inventeur de la tragédie du paysage est reconnu comme le maître de ce courant.
Les plus grandes œuvres du peintre
Portraitiste de renom, Caspar David Friedrich est également reconnu pour ses nombreux paysages faisant l’éloge de la nature. L’une de ses principales fresques est « Le Voyageur contemplant une mer de nuages« . Réalisée en 1818, cette représentation met en scène un homme seul au sommet d’une montagne. L’allure d’aristocrate de ce voyageur ainsi que son habillement ne sont nullement ceux d’un grimpeur. Peint de dos, il admire l’immensité du paysage qui se présente à lui.
Cette œuvre traduit l’homme et son destin. Elle montre les difficultés et les épreuves sur le chemin de son accomplissement. Elle met également en relief l’importance d’avoir des rêves et la sinuosité du parcours menant au divin.
En 1823, Friedrich peint « La mer de glace », l’une de ses plus belles œuvres. Cette fresque met en scène l’un des navires d’expédition de William Edward Parry dans un océan gelé. Pris au piège dans les blocs de glace, le navire laisse entrevoir sa poupe et semble communier avec « l’effroyable beauté » du paysage nordique.
D’autres œuvres permettent de comprendre la pensée romantique de Friedrich sans jamais la cerner totalement. L’effet de progression des Falaises de craie à Rügen fait basculer le spectateur de la tragédie à l’harmonie. L’Abbaye dans une forêt de chênes réalisée en 1809 se distingue quant à lui par un paysage crépusculaire, macabre et presque gothique. Friedrich se sert ainsi de sa sensibilité artistique pour rendre hommage aux blessés des guerres napolitaines.
En définitive, Caspar David Friedrich est une figure importante du romantisme allemand dont les œuvres célèbrent la nature et la magnifient. Sa vie et son cheminement difficile témoignent d’une grande abnégation et de sa volonté de perfectionner l’art pictural.