Si l’on pense généralement à Claude Monet lorsque l’on entend parler de l’impressionnisme, il faut pourtant savoir que l’un des pères fondateurs de ce mouvement artistique est Camille Pissarro. Même s’il est vrai qu’il a été plus reconnu après son décès que de son vivant, il a tout de même marqué ses pairs. Cézanne parlait d’ailleurs de « l’humble et colossal Pissarro » comme « un père. C’était un homme à consulter et quelque chose comme le bon Dieu ». Découvrez le parcours et les œuvres célèbres de Pissarro, qui séduit encore et toujours les amateurs d’art, comme Jean-Louis Sbeghen.

Les débuts d’un artiste inspiré de Corot

Camille Pissarro, né Jacob Abraham Camille Pissarro à Saint-Thomas  dans les Îles Vierges en 1830, a quitté le domicile familial à seulement 12 ans pour étudier près de Paris à Passy. C’est dans cette pension que son talent pour le dessin est découvert. Le directeur va d’ailleurs le pousser et l’encourager.

Mais il retourne travailler auprès de son père dans le commerce. Le jeune homme va toutefois suivre son instinct et partir au Venezuela avec un ami artiste. Il s’installe ensuite à nouveau à Passy et fait des rencontres décisives, comme Cézanne, Guillaumin ou encore Monet, et il se revendique avant tout comme l’élève de Camille Corot.

La lumière, au coeur de l’approche artistique de Pissarro

Très rapidement, Pissarro se détache de l’académisme qui était alors la référence en vigueur. Le tournant va réellement être opéré lors d’une exposition réalisée par plusieurs artistes, dont Pissarro, dans l’atelier du photographe Nadar. C’est ici que Monet présente son « Impression, Soleil levant », une œuvre qui va d’ailleurs donner son nom à l’impressionnisme. La critique va alors dénoncer cette approche artistique qui, pour eux, n’est en aucun cas une œuvre achevée.

Il faut souligner ici que l’impressionnisme vient complètement chambouler l’ordre établi. Les couleurs et les formes sont ici dissociées, des angles de vue inhabituels sont utilisés, les traits de pinceaux sont visibles… L’objectif est en effet d’obtenir de multiples nuances.

Devenu père de huit enfants, Pissarro va ensuite être admis de manière régulière au Salon, mais il rencontre malgré tout de nombreuses difficultés financières. Son art est à cette époque apprécié pour la profondeur spatiale et la modulation des couleurs qui témoignent de sa maturité. Mais entre 1872 et 1874, le succès de l’artiste s’affirme : Pissarro collabore avec Cézanne et la première exposition impressionniste a lieu.

Sa technique évolue ensuite et Pissarro ajoute à ses paysages des scènes d’intérieurs, de marché ou de rue. Il va également s’initier au pointillisme avec Signac vers 1884, mais sans grand succès. Pissarro retourne à son style lumineux dans les années 1890 après avoir voyagé en Angleterre et en Hollande. L’artiste va alors s’essayer à des représentations urbaines qu’il peint selon un rythme de répétitions et de variantes, dans le but d’étudier les différences de lumière (il faut rappeler que Pissarro est alors atteint d’une maladie des yeux).

Il va ensuite essayer à nouveau le pointillisme avant de décéder à l’âge de 73 ans en 1903. Si le succès de Pissarro est à nuancer de son vivant, son art a pris toute la lumière à son décès. D’ailleurs, son tableau « Boulevard Montmartre, Matinée de Printemps » s’est vendu à 24 millions d’euros lors d’une vente aux enchères à Londres.