Sculpteur français né avant 1520, Hugues Lallemand, également appelé Huguet ou parfois Hugues Lallemant, vécut toute sa vie à Châlons-en-Champagne où il mourut en 1570. Ce sculpteur français du XVIe siècle particulièrement prolifique est l’auteur des vantaux en bois de l’une des portes de l’église de Châlons-sur-Marne, mais aussi des magnifiques cheminées de l’actuel musée de Cluny et du château d’Ecouen. Retour sur la vie et l’œuvre d’Hugues Lallemand.

Hugues Lallemand : la biographie

Durand_cheminée_par_hugues_lallement

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Connu sous le nom d’Huguet, Hugues Lallemand est né en 1520 à Châlons-en-Champagne, où il vécut jusqu’à son décès en 1570. Fils d’un maître tanneur, une position considérée comme bourgeoise à l’époque, la tannerie occupant la première place industrielle à Châlons. A ce jour, on ne peut affirmer avec certitude les dates de naissance et de décès d’Hugues Lallemand. Selon Amédée Lhote et Louis Grignon, le sculpteur français vécut de 1530 à 1570. Mais pour Stanislas Lami, Hugues Lallemand est né bien avant 1520, rapportant que le sculpteur exécutait déjà, en 1535, la chaire en pierre du couvent des Augustins de Châlons en collaboration avec Simon Avrigny et Jean Lecomte. Difficile, dans ces conditions, de déterminer avec exactitude la date de naissance de l’artiste. Mais une chose est sûre, Hugues Lallemand a définitivement marqué son époque par des œuvres encore admirables aujourd’hui.

Hugues Lallemand, un sculpteur qui gagnerait à être plus connu

La production artistique d’Hugues Lallemand est fortement représentative des codes des mythes antiques, notamment la nudité, la chasteté, la passion ainsi que la chasse. Son talent de sculpteur est indéniable, en témoignent les nombreuses œuvres qu’on peut admirer aujourd’hui, notamment la splendide cheminée du château d’Ecouen. Cette cheminée monumentale est inspirée, selon Luca Penni, d’une gravure de Jean Mignon, représentant Diane surprise au bain par Actéon, qu’elle punit en le transformant en cerf et en le faisant dévorer par ses propres chiens. Analysons un peu l’œuvre de haut relief. Fille de Léto et de Jupiter, Diane est aussi la sœur d’Apollon. De son côté, Actéon est une figure héroïque, élevée dans le culte de la chasse par Chiron le centaure. Pratiquant son activité favorite, la chasse, Actéon surprend Diane en train de prendre son bain dans les bois. Choquée, cette dernière l’aurait transformé en cerf. Ne le reconnaissant plus, les chiens d’Actéon dévorent férocement leur malheureux maître.

Hugues Lallement, portail de la collégiale

Hugues Lallement, portail de la collégiale

Impossible d’évoquer l’œuvre d’Hugues Lallemand sans vous parler d’une autre cheminée monumentale réalisée par l’artiste sculpteur, qui siège aujourd’hui au Musée de Cluny. Selon les résultats des différentes recherches menées sur la sculpture, la cheminée signée Hugues Lallemand faisait autrefois partie de la maison particulière de Gabrielle d’Estrées. Concubine favorite d’Henri IV, on la surnommait « la belle Gabrielle ». A l’instar de la cheminée du château d’Ecouen, il s’agit là d’une œuvre de haut relief, mesurant 4 mètres de hauteur pour 3,70 mètres de large. Elle met en scène le Christ à la fontaine, entouré de génies et de trophées d’armes.

Rappelons enfin qu’Hugues Lallemand est l’auteur des sculptures du bois des deux vantaux de la porte latérale de l’église Notre-Dame de Châlons, qui représentent joliment les 4 saisons.

Quiproquo historique sur la cheminée d’Hugues Lallemand exposée au musée de Cluny

Nous vous le disions, on attribue à Hugues Lallemand la cheminée monumentale de la maison de « la belle Gabrielle », actuellement exposée au Musée de Cluny. Aujourd’hui détruite, la maison de la favorite d’Henri IV était située à Châlons, n° 32, rue de Vaux, en face de l’abside de la collégiale Notre-Dame-en-Vaux. Cette hypothèse a toutefois été contredite par le récit de Louis Grignon, « Topographie historique de la ville de Châlons ». Celui-ci réalise un relevé d’une étonnante précision de la rue de Vaux, parfois appelée rue du Grez-des-Vaux, et autrefois la rue des Bombardes en 1560. Louis Grignon souligne que la maison de « la belle Gabrielle » appartenait à Jean Lallement. Il relève par ailleurs quelques apparences qui indiquent que cette maison est celle où existaient deux hautes cheminées sculptées. L’une d’entre elles portait le nom de Hugues Lallemand et la date 1562.

Cheminée du XVIe Siècle, par Hugues Lallemand

Cheminée du XVIe Siècle, par Hugues Lallemand

Pour sa part, François Waldruche de Montremy affirme avoir trouvé un acte de baptême de 1563 dans les archives paroissiales, où le parrain est désigné « Noble homme Hugues Lallemand gnal », une abréviation interprétée par lui comme signifiant « trésorier général des finances ». François Waldruche de Montremy rappelle également que la maison en question et l’église Notre-Dame-en-Vaux sont séparées de seulement quelques mètres. Concrètement, de Montremy émet l’hypothèse selon laquelle l’inscription trouvée n’est pas la signature de l’artiste, mais plutôt la désignation du propriétaire, qui est tout sauf sculpteur ! Il remet ainsi en question les connaissances sur la vie et l’œuvre d’Hugues Lallemand antérieures à 1920. Cela dit, il est utile de souligner ici que, de l’aveu même de François Waldruche de Montremy, son hypothèse ne repose sur aucun fait avéré, et qu’il raisonne dans « l’incertitude de l’à priori ».

Le sculpteur Hugues Lallemand n’est pas à confondre avec Hugues Lallemand, coordinateur de projets ou Hugues Lallemand agent immobilier.